Le Centre Art et Culture de Logbozounkpa a organisé ce 30 octobre 2020, une rencontre-discussion entre le public et l’artiste plasticien béninois Dominique ZINKPE.
L’objectif de cette rencontre était de présenter le parcours de l’artiste, et de nourrir un débat autour de ses œuvres. Le public présent à cette séance de discussion était constitué d’artistes plasticiens, d’historiens de l’art, de journalistes culturels, et autres amateurs des arts visuels contemporains africains Axée sur trois massifs, cette rencontre à donner lieu à la présentation de l’artiste, à un discours sur sa production, et à une mise en lumière de ses projets de création.
Qui est Dominique ZINKPE ?
Dominique ZINKPE est né en 1969 à Cotonou au Bénin. La démarche artistique de ZINKPE est complexe et diverse. Loin de se cantonner à une écriture plastique, il s’approprie toutes sortes de média, pour autant qu’ils lui permettent de s’exprimer : installation, dessin, peinture, sculpture, vidéo. Quand on parcourt son œuvre, il semble évident qu’il ne souhaite pas s’enfermer dans un processus de création. Au contraire, il ne cesse de s’interroger. Son art interpelle souvent, montre du doigt parfois, dénonce aussi1.
Sur sa production !
C’est à travers les livres d’art que Dominique ZINKPE prit contact avec le fait artistique, notamment les exercices de dessins que ces ouvrages avaient à lui offrir. Ses toutes premières peintures étaient inspirées des œuvres de grands maîtres tels que Michel-Ange, Bacon, Basquiat… Il débuta sa carrière avec la réalisation de sculptures issues de l’assemblage d’objets récupérés (en fibre).
Sa peinture est de l’ordre de l’abstraction. Un courant artistique qui donne vit aux couleurs, aux sons et même à l’esprit invisible. Il se veut être perceptif et émotionnel. Ayant un affect singulier pour les cultures béninoises, et surtout pour la religion vodoun, il transcrit dans ses tableaux la relation spirituelle entre l’adepte et l’esprit divin.
Il profite aussi du syncrétisme, qui est fortement ancré dans notre société pour réaliser quelques œuvres qui caractérisent l’union entre les religions (vodoun, Chrétienne et Musulmane). Le but étant pour lui, de parvenir à réaliser le même travail que l’objectif d’un appareil photo qui tend à rendre en image l’état d’esprit des adeptes. Pour Dominique ZINKPE « l’art c’est la guerre ; c’est une évolution perpétuelle ».
Pour renouveler sa production plastique, il se tournait vers les petites statuettes communément appelées « Ibéji » qui sont des sculptures en bois désigné comme une représentation des jumeaux décédés. Ce culte voué aux jumeaux est commun à quatre pays de l’Afrique de l’ouest : Benin, Togo, Ghana et le Nigéria. Travailler sur ces statuettes pour lui est une manière de réunir la culture commune à ces quatre pays. Ainsi, à travers ce médium, il a réalisé plusieurs sculptures. Pour preuve la sculpture qui rend hommage à Manu Dibango, ou encore son installation qui parle de l’immigration.
Projets de création !
Pour se rapprocher des évènements contemporains (le vécu quotidien), il avait décidé de faire l’installation des taxis villes, un moyen de transport en commun à travers laquelle il dénonçait le ‘’surchargement’’ des conducteurs, et le transport de l’essence frelaté.
Son talent lui a valu plusieurs distinctions dont : le prix du jeune talent africain, reçu en Côte-d’Ivoire en 1993, et le prix de la biennale de Dakar en 2002. Il a eu à piloter plusieurs projets notamment des formations, et autres ateliers. Il fut aussi le président du consortium Biennale-regard Benin en 2012.
Pour conclure cette rencontre-discussion, il invitait la nouvelle génération d’artiste plasticiens à faire de leur mieux pour favoriser le rayonnement de l’art au Benin, et part dans le monde entier.
Jeff Eric ATCHADO
1 Extrait du texte de Elise DAUBELCOUR sur Dominique ZINKPE, Projet IN-DISCIPLINE, Fondation Montresso, Marrakech, Maroc, 2017.