Entretien avec Paterne DOKOU dans le cadre de son exposition « Le coronavirus, un salut pour l’humanité »
Paterne Dokou

Autodidacte né à Cotonou le 22 juillet 1993, Paterne DOKOU découvrit la peinture à l’âge de 16 ans au contact d’artistes internés dans la même institution scolaire que lui. En 2013, il s’engagea un moment aux côtés du plasticien béninois Gratien ZOSSOU auprès de qui il acquiert de l’expérience dans le domaine des arts visuels. Sa maitrise des arts plastiques lui a permis d’affirmer son propre style pictural qu’il nomme le Réalisme Conscient. Aussi, a-t-il à son actif plusieurs expositions dont la dernière en date aborde les aspects positifs de la pandémie du Covid-19. « Le coronavirus, un salut pour l’humanité » est le tire de l’exposition que lui consacre L’Art Galerie depuis le 06 mars 2021.

Dans quel contexte s’inscrit l’exposition « Le coronavirus, un salut pour l’humanité » ?

Lorsqu’un mal fait son apparition dans le monde, beaucoup de personnes sont forcément touchées négativement. Le mal du corona n’a laissé personne indifférent. A travers différentes sources d’information, on peut réaliser combien ce mal a laissé des marques indélébiles dans bien de secteurs d’activités. Cet état de chose, fait que beaucoup de personnes ne perçoivent que le côté négatif de la crise.

Or, rester focus sur le côté négatif de la crise, ne nous permettra pas d’avancer. Quand on mène une petite réflexion objective et analytique sur l’avènement de cette crise, on peut y voir du positif, ce qui nous permettra d’évoluer. C’est donc dans ce contexte que s’inscrit la présente exposition.

Qu’est ce qui justifie le choix de cette thématique d’exposition ?

La plupart des grands changements et grandes innovations qu’a subis le monde entier sont intervenus suite à de grandes catastrophes. Et la plupart des grandes entreprises qui ont impacté l’économie mondiale est née en temps de crise. J’ai observé des entreprises fermer et d’autres ouvrir et faire des chiffres astronomiques pendant le confinement.

J’ai observé des gens qui ont été licenciés, changés de corps de métier puis devenir libre financièrement. J’ai vu des scientifiques unir leur force pour lutter contre ce mal ; la solidarité naître entre des nations les plus touchées et celles les moins touchées, l’écologie restaurée à travers la sauvegarde d’espèces en voie de disparition ; et surtout j’ai remarqué beaucoup de nation et de personne s’accommoder aux nouvelles exigences des NTIC et à l’économie numérique. Et pourtant, d’après mes investigations, des interviews, des reportages et d’autres sources d’informations, beaucoup de personnes se focalisent toujours sur les méfaits de la crise (chose normale) et refusent d’avancer, d’où ma décision de travailler sur ce thème « Le coronavirus, un salut pour l’humanité », pour faire réaliser aux hommes ces différentes évidences ci-dessus citées.

Quels ont été les médiums que vous utilisez pour traiter de cette thématique ?

J’ai travaillé sur des toiles, avec du fer, de l’allure, du bois, du caoutchouc et du filet. Il en a résulté des œuvres picturales, et de volumes.

A quelle note d’intention répond cette transition vers la sculpture ? Est-ce réellement une transition, ou un besoin circonstanciels ?

Cette transition vers la sculpture répondait à mon besoin d’expression. Il me fallait un support qui me parle le plus et avec lequel je pourrais m’exprimer librement et sans restriction, d’où ces différentes sculptures. C’est une réelle transition et non un besoin circonstanciel.

Quelles ont été vos sources inspirations ? Aviez-vous seulement traitez de la pandémie sous le prisme de votre immanence ?

Je me suis inspiré de mes propres vécus, du vécu de mon entourage, de la nature et surtout de l’actualité. Effectivement, j’ai fait l’effort d’être objectif dans mes réalisations, puisque je me suis aussi inspiré du vécu des autres.

Qu’avez-vous voulu représenter à travers la toile Djonké fermée?

A travers la toile Djonké fermée, j’ai voulu représenter le regard que je porte sur la société concernant la sexualité, et tout ce qui tourne autour surtout en période de crise de  ‘’CORONAVIRUS’’. Bien évidemment comme le dit le thème de mon exposition, je ne regarde que du positif, ce n’est pas que je me réjouis de ses impacts négatifs comme par exemple du chômage des travailleuses de sexe. Tout autant que nous sommes, nous savons que la prostitution est généralement considérée comme un métier de dernier choix et que les acteurs de ce domaine s’y retrouvent souvent par contrainte, mais je vois par exemple en ce chômage, une porte de sortie, une reconversion à un autre métier pour ces principales actrices.

Quelle est la place de la transgression, voire de la subversion dans votre production ?

Pour moi la transgression ou la subversion occupent une place de choix. Je suis de nature à toujours transgresser les règles pour obtenir ce que je veux, preuve de mon parcours d’autodidacte. Le même feu utilisé pour brûler un humain injustement peut être utilisé pour cuire de la nourriture pour un peuple ; l’alcool qui peut piquer dans les yeux, peut être utilisé pour soigner une blessure et le sexe qui souvent parait dangereux (les infections sexuellement transmissibles) est utilisé pour donner la vie. C’est dans cette même logique que j’utilise l’art qui choque pour passer des messages pertinents à l’endroit de mon auditoire, autrement l’œuvre sera fade et passera inaperçue.

L’esthétique que vous prônez résulte-t-elle de la théorie du choc de Ben Vautier ? Pour paraître beau, l’art doit-il choqué ?

Savez-vous ? Je ne suis pas une ligne directrice imposé de peur de me voir emprisonné.

Je suis simplement mon inspiration et rien que l’inspiration. C’est ce qui donne du sens à mes créations.

Comment liez-vous le Réalisme Conscient au salut que représenterait le coronavirus pour l’humanité ?

Le Réalisme conscient, pour moi est plus qu’un concept, c’est une manière de penser, c’est un style de vie, c’est une philosophie.

Le Réalisme conscient, ne prône pas la dictature, mais la démocratie, une liberté d’expression et de pensée sans pareil qui propose une solution aux maux de la société et surtout de l’Afrique. Et concernant le coronavirus, il vient proposer une nouvelle vision, une manière de voire, un nouveau regard sur la crise, afin de mieux la surmonter. De multiple opportunités et occasions bénéfiques fourmillent dans plusieurs domaines et secteur d’activité, il suffit juste d’être alerte pour mieux les distinguer. Et c’est ce que nous fait voir cette exposition à travers le style du Réalisme conscient.

Pourquoi visiter « Le coronavirus, un salut pour l’humanité » ?

Pour mieux se découvrir. En apprendre sur soit même et sa société. Pour ouvrir son esprit, acquérir une nouvelle vision, un nouveau regard sur la crise, ce qui nous permettra d’avancer, de développer l’Afrique et d’impacter le monde.

La Rédaction

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